Un moteur franco-britannique pour l’avenir du nucléaire civil / A Franco-British engine for the future of civilian nuclear energy

Par / by Vincent de Rivaz

A l’occasion de l’Assemblée Générale du Conseil franco-britannique le 3 juillet 2023 au Senat, Monsieur Vincent de Rivaz, ancien PDG d’EDF Energy lequel a joué un rôle déterminant dans la mise en œuvre du projet Hinkley Point C au Royaume-Uni, également membre du Conseil, a fait une intervention particulièrement éclairante sur le thème de « un moteur franco-britannique pour l’avenir du nucléaire civil ».

Lors de son intervention, Vincent de Rivaz fait d’abord le bilan de la place  de l’électricité dans le paysage énergétique mondial . Il souligne que , nonobstant la nécessaire sobriété énergétique, la production d’électricité sera en augmentation constante du fait  du passage des énergies fossile a l’électricité, dans les transports et dans l’industrie, du développement de l’hydrogène et des  besoins accrus considérables du digital. 

Il souligne que l’objectif  Net Zéro 2050, implique que l’avenir peut se résumer par cette formule “plus d’électricité et moins de CO2” . 

Dans cet avenir , “ nuclear is back with a vengeance “ selon la formule de Tony Blair , Premier Ministre, il y a 16 ans . C’était en 2007.  Pour tenir les objectifs «  Net Zéro en 2050 », la production d’électricité mondiale d’ici cette échéance doit être multipliée par 3. Pour atteindre 20 % de nucléaire dans le mix énergétique mondial , la production nucléaire devrait être multipliée par 5. 

Il souligne que le Royaume Uni et la France sont les deux grands pays européens ayant fait un choix clair en faveur du nucléaire dans leur mix énergétique.  D’autres pays européens veulent suivre ce chemin. Comme de nombreux pays dans le monde .

Après la publication en 2008, de son Nuclear White Paper ,actant de la place du nucléaire au Royaume-Uni , celui-ci a mis en œuvre la réforme du marché de l’électricité britannique, fondé sur deux piliers :  les contrats à long terme et un marché de capacité , complétés par  un prix plancher du CO2. Il explique comment EDF en GB a accompagné ce mouvement , en œuvrant  à un consensus politique transpartisan durable assurant la pérennité des politiques et le soutien de l’opinion publique La solidité de ce qui consensus a été testée lors de l’accident de Fukushima en 2011. Il n.y a pas eu de flottement au Royaume Uni.En 2016, la décision finale d’investissement pour le projet de deux EPR à  Hinkley Point C ( HPC  ) a été prise .C’est aujourd’hui le plus gros chantier de construction en Europe . Malgré de nombreux challenges, dont l’impact du Covid et du Brexit, la construction de HPC , qui prévoit la pose du dôme sur le premier réacteur fin 2023, avance suffisamment bien pour qu’ en novembre 2022, le nouveau Premier Ministre Rishi Sunak britannique ait annoncé la décision de son gouvernement de participer aux côtés d’EDF au développement de Sizewell C, projet jumeau de HPC . Avec le plein soutien du leader de l’opposition Sir Keir Starmer. 

L’histoire de la renaissance du nucléaire en GB tient une place importante dans son ouvrage  récemment paru aux éditions Télémaque «We need power,don’t we? ».   

Côté France, il met en lumière le discours refondateur  du Président de la République en février 2022 à Belfort .Depuis ce signal de nouveau départ donné au nouveau nucléaire, la loi d’accélération du nucléaire a été votée cette année , comme celle équivalente pour le renouvelable. EDF met en œuvre, pour ce qui la concerne,   un programme initial de 6 EPR, suivi de 8 autres . Le gouvernement a nommé Joël Barre, ancien Delegue General à l’Armement comme Délégué Interministériel au Nouveau Nucléaire.A ce titre, il pilotera les actions de l’État et coordonnera les acteurs industriels impliqués. De leur côté les britanniques ont mis en place Great British Nuclear , avec les mêmes ambitions .

Il lui paraît   notable  que nos deux pays convergent    dans l’action , en faveur du nucléaire  et en faveur de la stratégie industrielle de temps long  qu’elle rend nécessaire . 

A un moment où l’Allemagne continue à être hostile au nucléaire comme en témoignent les obstacles qu’elle tente de mettre aux politiques pro nucléaires  ( taxonomie, hydrogène vert, réforme du fonctionnement du marché de l’électricité – avec la promotion de mécanismes de contrats à long terme – essentiels pour réduire le coût du financement de ces énormes investissements – dont la GB a donné l’exemple pour le nucléaire ), Cette  convergence est précieuse. Le sommet franco britannique de mars 2023 en a été le promoteur explicite. Le gouvernement français mobilise sur ces sujets  les pays pro nucléaires de l’UE et s’efforce d’y associer le Royaume-Uni.

Il résume son propos en soulignant l’existence de fait d’un moteur franco-britannique dans le nucléaire civil.  Il appartient aux acteurs opérationnels de le faire fonctionner à pleine puissance . C’est vrai dans de nombreux domaines, particulièrement dans le domaine industriel. La relation franco britannique doit se nourrir de grands projets qui unissent  les entreprises et les hommes.

During the General Assembly of the Conseil franco-britannique on 3rd July 2023 at the Senate, Mr. Vincent de Rivaz, former CEO of EDF Energy, gave an enlightening keynote on the theme of “a Franco-British engine for the future of civilian nuclear energy”. He played a key role in the implementation of the Hinkley Point C project in the United Kingdom and is also a member of the Council.

During his speech, Vincent de Rivaz first examined the place of electricity in the global energy landscape. He stressed that, notwithstanding the necessary need to moderate energy use, the production of electricity will be constantly increasing due to the transition from fossil fuels to electricity, in transport and in industry, the development of hydrogen and the increased needs for digital.

He pointed out that the Net Zero 2050 aims imply that the future can be summed up as “more electricity and less CO2”.

In this future, “nuclear is back with a vengeance” as the former Prime Minister, Tony Blair, put it 16 years ago back in 2007. To meet the “Net Zero by 2050” objectives, world electricity production must be multiplied by 3 by this deadline and to reach 20% of nuclear in the world energy mix, nuclear production should be multiplied by 5.

He pointed out that the United Kingdom and France are the two major European countries that have made a clear choice in favour of nuclear power in their energy mix. Other European countries want to follow this path alongside many countries around the world.

In the UK, after the publication in 2008 of its Nuclear White Paper which recognised the role of nuclear power in the United Kingdom, it implemented reform of the British electricity market, based on two pillars: long-term contracts and a capacity market, supplemented by a floor price for CO2. He explained how EDF in the UK supported this by working for a lasting cross-party political consensus to ensure the sustainability of policies and the support of public opinion. This was tested during the Fukushima accident in 2011. There was no wavering in the UK.

In 2016, the final investment decision for the two EPR reactors at Hinkley Point C (HPC) was taken. Today it is the largest construction site in Europe. Despite many challenges, including the impact of Covid and Brexit, the construction of HPC – where the dome on the first reactor will be installed at the end of 2023 – is progressing well enough that in November 2022, the new British Prime Minister Rishi Sunak announced the government’s decision to participate alongside EDF in the development of Sizewell C, HPC’s twin project, with the full support of opposition leader Sir Keir Starmer.

The history of the nuclear renaissance in the UK is an important part in his book “We need power, don’t we?”, recently published by Télémaque.

On the French side, it highlights the speech made by the President of the Republic in February 2022 in Belfort which signalled a new start to new nuclear power. Since then the nuclear acceleration law was passed this year with equivalent laws for renewables. EDF is implementing, as far as it is concerned, an initial program of 6 EPR reactors, followed by 8 others. The government has appointed Joël Barre, former Delegate General for Armaments as Interministerial Delegate for New Nuclear Power. In this capacity, he will steer the actions of the State and coordinate the industrial players involved. For their part, the UK have set up Great British Nuclear, with the same ambitions.

He stressed the significance to him that our two countries are converging in action, in favour of nuclear power and in favour of the long-term industrial strategy that it makes necessary.

At a time when Germany continues to be hostile to nuclear power, as evidenced by the obstacles it tries to place on pro-nuclear policies (taxonomy, green hydrogen, reform of the operation of the electricity market – with the promotion of long-term contracts – essential to reduce the cost of financing these huge investments – of which the UK has given the example for nuclear power), this cooperation is valuable. The Franco-British Summit in March 2023 was a great example of this. The French government is mobilising the pro-nuclear countries within the EU to cooperate and is trying to involve the UK.

He summed up his remarks by emphasising the de facto existence of a Franco-British driving force in civilian nuclear power. It is up to the operational players to make it work but this is true in many fields, particularly in the industrial field. The Franco-British relationship must be nurtured by major projects that unite businesses and people.

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